DAF : de la valeur ajoutée, sinon rien !

par Emmanuel Olivier, Directeur Général d'Esker

Les directeurs financiers sont confrontés à des choix drastiques et à une gestion de leur temps au cordeau. Souvent présentés comme les facilitateurs de la transformation numérique, les directeurs financiers cherchent notamment à automatiser les tâches sans valeur ajoutée pour se concentrer sur la survie de leur entreprise.

Chaque mois, sinon chaque semaine qui passe, apporte son lot de défis urgents à relever pour les directions financières. Certains sont prévisibles ; d’autres surgissent sans crier gare ; tous mobilisent des énergies devenues rares, à tel point que les plans et budgets prévus doivent être révisés en permanence. Les Directeurs Administratifs et Financiers (DAF) pilotent dans la tourmente. Ils doivent de se consacrer en priorité aux tâches stratégiques et laisser tout ce qui peut être automatisé aux solutions ad hoc. La transformation numérique, qui est au coeur de leurs préoccupations, doit être avant tout pragmatique, capable de leur faire gagner un temps précieux et d’anticiper sur les défis à venir.

Depuis le début de l’année, le modèle de l’abondance de biens, de services et de moyens financiers, auquel nous nous étions habitués pendant une vingtaine d’années, voire un quart de siècle, a été battu en brèche. Post Covid, les acteurs économiques se sont douloureusement aperçu que les approvisionnements, que l’on pensait sécurisés, pouvaient devenir chaotiques, que le retour de l’inflation rendait les coûts de revient incertains et les taux de rentabilité hypothétiques, et que le coût du financement redevenait un sujet central. La montée des risques et des incertitudes nous fait passer d’une économie de l’optimisation à une économie de la résilience.

La guerre en Ukraine, le renchérissement de l’énergie, l’augmentation des tensions inflationnistes et la hausse des taux d’intérêt ont aussi des répercussions qui commencent à menacer la stabilité financière de nos économies. Parmi les menaces les plus urgentes figurent la hausse des taux d’intérêt, mais aussi la raréfaction du crédit. Cela risque d’impacter directement les entreprises dites « zombies*» dont la prévision de cash-flow annuel suffit à peine à couvrir leur charge d’intérêt. Combien sont-elles ? La Banque des Règlements Internationaux (BRI) avait donné le pourcentage de 12% pour les grandes entreprises de 10 ans d’âge. Gageons que ce pourcentage ne s’est pas amélioré et qu’il n’est pas en voie d’amélioration. Mais au delà de ces entreprises zombie, la hausse des taux fragilisent toutes enterprises et notamment les entreprises de croissance.

C’est là un des nouveaux soucis des DAF. Pour préserver et développer leur propre entreprise, ils doivent jauger en permanence la santé financière de leurs fournisseurs et de leurs clients et leur capacité à résister même dans une situation de taux d’intérêts plus élevés. Aujourd’hui, aucune entreprise ne peux survivre et réussir seule. Plus que jamais, la solidité d’un business modèle repose essentiellement sur la force d’un écosystème dans lequel on trouve bien entendu les clients, mais aussi les fournisseurs, les partenaires technologiques, les organismes de financement, les actionnaires, sans parler des salariés. Toutes ces parties prenantes sont aujourd’hui sous pression.

Dans ce nouvel environnement, le rôle du DAF est crucial. Ils doivent organiser leur temps de travail et mobiliser autour d’eux le meilleur de leurs équipes. Les tâches manuelles doivent donc absolument être automatisées. Parmi ces dernières figurent l’automatisation de la gestion des fournisseurs et l’optimisation de la gestion des achats : chaque dépense doit obtenir l'autorisation ad hoc et chaque facture être rapprochée d'une commande et d'une réception. Chaque transaction — de la demande d'achat à la réception des biens ou services — doit être tracée, permettant des rapports complets sur les demandes, les articles achetés, les commandes passées et les paiements réalisés.

Selon un récent sondage d’OpinionWay**, la transformation digitale semble globalement engagée au sein des directions administratives et financières françaises. Un tiers d’entre elles considère avoir accompli sa transformation digitale (32%) et elle est en cours de développement dans près d’une direction sur deux (46%). Mais cette transformation reste souvent parcellaire. Elle n’a été́ déployée que plus rarement dans l’entreprise de manière générale (19%) même si une majorité́ a commencé́ à l’engager (58%). Précisons que les entreprises de 250 salariés et plus apparaissent en avance sur la transformation digitale de leur direction administrative et financière. Pour les interviewés, dans la moitié des cas elle est en cours de développement (53%) et dans un tiers, accomplie (33%).

Dans ce contexte de transformation de leur métier, les solutions d’automatisation sont perçues comme un outil facilitateur au service des DAFs et non comme un obstacle. Quatre DAF sur dix considèrent qu’il s’agit d’une opportunité pour leur fonction (41%) et seule une proportion minime se sent menacée par ces solutions (5%). Dans le détail, cette automatisation est d’abord perçue comme une opportunité pour les secteurs industriels (49%) et pour les grandes entreprises (48%).

* Une entreprise « zombie » est définie par son manque de profitabilité. Il s’agit plus précisément d’une entreprise ne dégageant pas suffisamment de profits pour couvrir les charges d’intérêt de sa dette.
** L’étude « L’évolution de la fonction finance en entreprise » réalisée pour Esker.

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